Les « Confidences d’un ténor du
barreau », celles de Paul LOMBARD,
écrites dans la réalité par Laurent BOSCHER, recèlent quelques piques malheureusement si
vraies. Qui s’expriment ainsi : la province du barreau, celle que Paul
LOMBARD a connue, et que tant d’autres ont vécue aussi, vivent encore, est
celle de la médiocrité. Spécialement à MARSEILLE, où la disproportion entre
l’exceptionnel et la médiocrité est flagrante.
Et toutes celles et ceux qui ont pensé
un temps pouvoir être au-dessus de la mêlée par talent ou volonté de talent
sont restés plaqués au sol.
Lui avait tout compris. Comme avant
lui, mais en une autre matière, Marcel PAGNOL.
Paul LOMBARD évoque celui qui fut son maitre de stage,
Olivier MAURIN, que j’ai parfaitement connu aussi, mais 20 ans plus tard.
De lui il écrit « Il n’était pas
encore fripé comme un parchemin, mais possédait déjà le talent de clocher qui
l’amarra à sa ville, privant ainsi la France de sa ruse et de son verbe
élégant. Son erreur faillit être la mienne : il prit Marseille pour le
centre de la planète et de monde pour un périmètre borné par l’Estaque,
Saint-Giniez, la Canebière et la rue Paradis. »
Sur la grandeur du personnage, je
n’ajouterai qu’une chose, parfaitement personnelle.
Mes premiers contacts avec Olivier
MAURIN avaient été exécrables, de sa
prétention hautaine.
Et puis, nous avions été adversaires
devant le Tribunal de commerce, dans une
affaire où il plaidait pour les Chantiers navals de LA CIOTAT, en un temps où ceux-ci
devaient construire l’un de leurs
derniers bateaux.
De ce temps, il ne reste absolument plus rien. Le bâtiment du Tribunal de
commerce.
J’étais moi, l’avocat
d’un un sous-traitant local, à
qui on avait confié la réalisation, en
résine de synthèse armée, de pièces de
tuyauterie pour embarquer et résister à la corrosion.
Nous étions opposés sur une question
technique très pointue, une histoire de couple de serrage un peu trop fort par
les Chantiers navals, qui ignoraient que
la résine était plus cassante que l’acier.
Pour comprendre le rapport de l’expert
judiciaire, les clients m’avaient convaincu
et j’étais emballé de réaliser un film vidéo, collant, page par page, au rapport de l’expert judiciaire désigné. C’était
en ce temps-là le début de la V.H.S. et j’avais donc demandé au Tribunal
l’autorisation d’installer dans la salle d’audience un écran de télévision et
un magnétoscope pour visionner le film, dont la copie avait été remise
préalablement à Olivier MAURIN.
Nous avions donc plaidé devant la
télévision, chacun pouvant avancer ou
reculer le film à son gré.
J’avais finalement gagné, du moins dégagé ma cliente de l’accusation de
mauvaise qualité du produit.
Je me souviens qu’en sortant de
l’audience, Olivier MAURIN avait dit de moi : « on pourra dire ce
qu’on voudra sur KUCHUKIAN, mais ça c’est un avocat ».
Nos rapports furent ensuite cordiaux,
et même amicaux.
Après qu’il ait quitté la profession,
en retraite, je le saluais et nous échangions régulièrement au
restaurant du Vieux Port, où souvent
nous nous retrouvions, lui à sa table
avec son entrecôte frites et sa bière, moi avec la mienne et mes côtes du Rhône.
Je ne sais pas pour moi, ou d’autres, mais je suis sûr pour Olivier MAURIN :
Paul LOMBARD avait raison.
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