Le
gisement culturel et historique exceptionnel constitué, à la BIBLIOTHEQUE NATIONALE DE France, par le
fonds GALLICA, en ligne, permet de faire
des découvertes exceptionnelles, pour comment dire, briser les silences, les mensonges, les
hypocrisies.
Sauf
que celles-ci ont toujours, dans notre
pays, la vie dure, même très dure voire agressive. Car certains vont même jusqu’à
prétendre interdire de vous sentir victimes d’actes de racisme, d’ostracisme,
de réserves, de choses pas très belles, puisque fondées uniquement sur les
trois dernières lettres de votre nom de famille.
A
bientôt 67 ans, je connais admirablement la question, moi qui en plus, ne suis
qu’un morceau d’Arménien. Fier de l’être.
Un
exemple d’avocat : impossible d’avoir un nom comme le mien et d’être voire
surtout de rester l’avocat d’un institutionnel. Vous êtes barré. D’autres
minorités dans l’originalité du nom de
famille n’ont heureusement pas ce travers. Au contraire même.
C’est
spécialement valable dans une ville aussi raciste que MARSEILLE, qui compte tout au plus un seul élu
municipal important arménien. Quand on lit les actuels bulletins de vote, on est atterré.
Même dans les deux ou trois quartiers réputés arméniens de la ville, on compte
les IAN sur les doigts d’une main, jamais en position d’éligibilité. Et c’est valable de l’extrême
gauche à l’extrême droite (sauf une
exception socialiste, une).
Pour
le barreau, sous l’odieuse menace, je
n’écris rien ici. Mais je n’en pense pas moins.
Revenons
à la littérature historique. C’est donc à ce moment que je découvre la
réimpression par HACHETTE et la B.N.F. d’un ouvrage de témoignages de victimes de massacres d’Arméniens, mais en
1895. Publié au MERCURE DE FRANCE en 1896. Car la question arménienne n’a pas attendu
1915 et le déchainement de TALAT PACHA. Elle a toujours existé spécialement à
l’aube du XXème siècle.
Mes
cousins américains sont d’ailleurs les descendants d’un Vincent KUCHUKIAN parti
à NEW YORK dès 1907, quelques années
après ces massacres là. Et bien avant la suite sinistre.
L’ouvrage
réimprimé est terrible en descriptions,
détails et inventaires.
Mais
c’est sa présentation qui est la plus remarquable.
Car
il est préfacé rien moins que par Georges CLEMENCEAU lui-même.
Le
futur tigre et vainqueur de la grande
guerre s’y révèle un défenseur exceptionnel de la cause arménienne, et un dénonciateur
à la fois des massacres et de l’hypocrisie bien élevée générale.
Je
le cite :
« « La
vérité et connue et la tartuferie de nos diplomates d’Europe ne peut plus
abuser que des complices de l’universelle lâcheté » ».
« « Mensonges,
les traités : lettre morte, les promesses du Sultan,, les stipulations
protectrices contresignées pour la forme par les délégués de toutes les puissances » »
«
« Si ce qu’on est convenu d’appeleur l’Europe a laissé massacrer les chrétiens
à plaisir, l’église ne pouvait faire autrement que de s’émouvoir » »
« « La
puissance qui lança jadis si
bruyamment toute l’Europe chrétienne à
l’assaut de l’islamisme est trop engagée dans les détours d’une diplomatie
compliquée pour écouter l’intérêt d’une fois chrétienne d’ailleurs
dissident » »
On
croit revoir la scène du catéchisme à
l’institution Mélizan de MARSEILLE dans le « Mayrig » d’Henri
VERNEUIL. Tiens, en voilà un superbe exemple : pour réussir au cinéma
comme réalisateur, Achod MALAKIAN avait
du changer son nom de famille. Il n’y a
pas si longtemps encore un futur professeur ensuite doyen de la Faculté de
droit d’AIX EN PROVENCE, plus tard lâchement assassiné en Egypte, avait du changer son nom de famille arménien
en une autre consonance pour aider à avoir son agrégation. Il me l’avait confié
en privé. Je pourrais en dire plus. Ce ne serait surement pas agréable pour certains.
Pour
en revenir à CLEMENCEAU, il résume si bien : «« On invite les Arméniens
à déposer leurs armes, on les menace de mort s’ils n’obéissent pas » ».
Les
armes de la France d’aujourd’hui ne continuent
toujours de poudre. Mais elles restent des armes, avec des menaces.
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