Ainsi celui-ci, tiré d’un recueil de
discours prononcés à la conférence des avocats le 15 décembre 1871 par notre
confrère de l’époque Alfred ESCARRAS. Il
y traite du Parlement de PROVENCE au XVIème siècle, le parlement qui comme
chacun devrait savoir correspondrait aujourd’hui à la Cour d’appel, mais avec des choses en plus.
On rappelle le vieil adage des trois malheurs de la Provence, le mistral, la
Durance (à cause de ses débordements),
et le Parlement de Provence (à cause de ses rigueurs). Seul le mistral
subsiste, la Durance ayant été canalisée, et le parlement anéanti.
Je cite mon confère de ce
temps :
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Quelle n’était pas la solennité des
audiences ! La Grand chambre est appelée dans les anciens actes du
Parlement d’Aix « le lieu saint consacré par la présence de Dieu et
représentation de la majesté du Roi ». Tout était réglé dans la salle, les
moindres détails y étaient observés avec une rigueur scrupuleuse tombée
aujourd’hui en désuétude. Au milieu du bureau se trouvait un fauteuil vacant
devant lequel avaient seuls le droit de
passer les présidents et le doyen de la compagnie, le gouverneur et les évêques.
Ce fauteuil représentait le trône. Des bancs spéciaux étaient disposés pour le
sénéchal, les autorités, les gens du roi, et les gentilshommes.
Les avocats consultants avaient leur
place au palais, les procureurs avaient la leur.
Une coutume singulière donnera une
idée des marques de respect exigées par
la Cour. Les procureurs furent astreints jusqu’à la fin du 17ème
siècle à l’obligation humiliante et scandaleuse de demeurer à genoux à
l’audience pendant que leurs affaires s’instruisaient. Quand cet usage fut
aboli, ils furent tellement satisfaits d’en être débarrassés, qu’ils firent un
don de 2000 livres aux Prêcheurs pour la reconstruction de leur église.
Disons en l’honneur des avoués
successeurs des anciens procureurs que leur compagnie est toujours allée en
grandissant et qu’aujourd’hui, il ne reste plus que fort peu de différence
entre elle et le barreau, qui du reste lui tend une main cordiale et
fraternelle (c’est moi qui souligne).
(…)
Au 16ème siècle, le
ministère public et le barreau étaient encore placés sur le même rang.
En vertu de cette assimilation, les
sièges du ministère public et du barreau étaient de plain pied dans la salle.
Peu à peu cependant, les avocats du roi tendirent à prendre la prééminence. Ils
se ménagèrent un petit marchepied qu’ils augmentèrent progressivement.
Ils réussirent même dans la suite à faire enlever aux avocats leur tapis
fleurdelisé (…). Cependant :
(…) Quand un procureur plaidait au
parquet, et qu’un avocat s’y présentait, on faisait retirer le procureur eut-il
commencé à plaider.
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Commentaires du jour : même
s’il fallait aller à la messe tous les matins,
et à l’audience tous les matins
aussi à cinq heures l’été et six
l’hiver, quel bonheur d’être avocat en ce temps là, ne serait-ce que
pour de voir les avoués à genoux.
Mais finalement, le monde ne s'est-il pas retourné ?
Ce sont les avocats qui sont à genoux, parce qu'ils le veulent bien.
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