mardi 15 avril 2014

DOSSIER AVOCATS :A GENOUX ???


 
A MARSEILLE, non pas dans  la salle des ordinateurs, une partie ancienne de notre merveilleuse bibliothèque , dans le couloir du bureau du bâtonnier,  recèle des trésors.

Ainsi celui-ci, tiré d’un recueil de discours prononcés à la conférence des avocats le 15 décembre 1871 par notre confrère de l’époque  Alfred ESCARRAS. Il y traite du Parlement de PROVENCE au XVIème siècle, le parlement qui comme chacun devrait savoir correspondrait aujourd’hui à la  Cour d’appel, mais avec des choses en plus. On rappelle le vieil adage des trois malheurs de la Provence, le mistral, la Durance  (à cause de ses débordements), et le Parlement de Provence (à cause de ses rigueurs). Seul le mistral subsiste, la Durance ayant été canalisée, et le parlement anéanti.

Je cite  mon confère de ce temps :

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Quelle n’était pas la solennité des audiences ! La Grand chambre est appelée dans les anciens actes du Parlement d’Aix « le lieu saint consacré par la présence de Dieu et représentation de la majesté du Roi ». Tout était réglé dans la salle, les moindres détails y étaient observés avec une rigueur scrupuleuse tombée aujourd’hui en désuétude. Au milieu du bureau se trouvait un fauteuil vacant devant lequel avaient seuls le droit  de passer les présidents et le doyen de la compagnie, le gouverneur et les évêques. Ce fauteuil représentait le trône. Des bancs spéciaux étaient disposés pour le sénéchal,  les autorités, les gens du roi, et les gentilshommes.

Les avocats consultants avaient leur place au palais, les procureurs avaient la leur.

Une coutume singulière donnera une idée des marques de respect exigées  par la Cour. Les procureurs furent astreints jusqu’à la fin du 17ème siècle à l’obligation humiliante et scandaleuse de demeurer à genoux à l’audience pendant que leurs affaires s’instruisaient. Quand cet usage fut aboli, ils furent tellement satisfaits d’en être débarrassés, qu’ils firent un don de 2000 livres aux Prêcheurs pour la reconstruction de leur église.

Disons en l’honneur des avoués successeurs des anciens procureurs que leur compagnie est toujours allée en grandissant et qu’aujourd’hui, il ne reste plus que fort peu de différence entre elle et le barreau, qui du reste lui tend une main cordiale et fraternelle (c’est moi qui souligne).

(…)

Au 16ème siècle, le ministère public et le barreau étaient encore placés sur le même rang.

En vertu de cette assimilation, les sièges du ministère public et du barreau étaient de plain pied dans la salle. Peu à peu cependant, les avocats du roi tendirent à prendre la prééminence. Ils se ménagèrent un  petit marchepied qu’ils augmentèrent progressivement. Ils réussirent même dans la suite à faire enlever aux avocats leur tapis fleurdelisé (…). Cependant :

(…) Quand un procureur plaidait au parquet, et qu’un avocat s’y présentait, on faisait retirer le procureur eut-il commencé à plaider.

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Commentaires du jour : même s’il fallait aller à la messe tous les matins,  et à l’audience tous les matins  aussi à cinq heures l’été et six  l’hiver, quel bonheur d’être avocat en ce temps là, ne serait-ce que pour  de voir les avoués à genoux.
 
Mais finalement, le monde ne s'est-il pas retourné ?
 
Ce sont les avocats qui sont à genoux, parce qu'ils le veulent bien.
 
 

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